En même temps, en matière de sexe, prendre son pied, c’est plutôt chouette. Rapide ou lent, intense ou fortuit, aisé ou laborieux… L’orgasme féminin est une jouissance fragile, imprévisible, qui surgit alors qu’on ne l’attend pas ou s’éclipse en dépit de prémices prometteuses. Pourquoi est-il plus difficile pour les femmes que pour les hommes ? Parce que les inquiétudes des hommes reposent davantage sur le désir que sur le plaisir : non pas « vais-je jouir ? », mais « vais-je bander ? ». Les femmes savent, elles, que leur plaisir est indépendant de leur désir. Pour autant, loin des recettes faciles, on peut tenter d’en comprendre et d’en lever les blocages.
L’estime de soi
Cette confiance en soi qui aide à mieux vivre au quotidien est essentielle dans l’accès à l’orgasme féminin. En matière de sexualité, elle passe par la confiance en son corps, en l’image qu’il renvoie. Rien à voir avec un corps parfait : au contraire, l’obsession de la perfection peut créer un conflit intérieur, comme la peur de se montrer nue, le refus d’être caressée à certains endroits ou le contrôle de son image pendant l’amour… Les mensurations, la forme des seins ou la grosseur des cuisses n’ont rien à voir avec la certitude intime que le corps possède la capacité de donner et de recevoir du plaisir.
La confiance en l’autre
Partenaire de vie ou rencontre d’un soir, la condition nécessaire à l’orgasme est la confiance. Car l’autre, homme ou femme, a le pouvoir extraordinaire d’inhiber ou de libérer.
Des fantasmes
Faire l’amour à plusieurs, dans une église, sur une plage ensoleillée… Pour parvenir à l’acmé du plaisir, nous avons tous besoin de ces petits films intérieurs excitants qui alimentent le désir. Les scénarios les plus fréquents et, selon les psychanalystes freudiens, les plus efficaces mettent en scène des situations de domination ou d’humiliation. Pour l’homme, être manipulé par une femme experte (ou, à l’inverse, dominer une pure jeune fille). Pour la femme, être prise de force.
Nos fantasmes les plus intimes ne donnent jamais une bonne image de nous. Ils constituent notre côté pervers, selon les freudiens. Pourtant, contrairement aux vrais pervers qui ont besoin de les mettre en acte pour jouir, les gens dits « normaux » se satisfont presque toujours de leurs rêveries érotiques, solitaires ou partagées avec le partenaire. « Rien ne risque autant de s’effondrer qu’un désir réalisé. Le réel banalise le désir. Il le vide de sa magie », écrit Claude Crépault. Vivre dans le présent, le concret, est peut-être une clé pour mieux vivre le quotidien, mais ce n’est pas la voie royale vers l’orgasme.
L’orgasme est une danse intérieure qui, pour beaucoup de femmes, n’est donnée qu’avec le temps, celui dont elles ont besoin pour se laisser aller, entrer dans l’intimité de leurs sensations, de leurs envies, de leur désir. Découvrir une dimension nouvelle de soi, laisser son corps prendre les commandes, exprimer librement sa part animale, mais aussi cultiver le jardin de ses sens et de ses fantasmes…